Samedi 23 mai. Nous reprenons la route sous un temps couvert. Nous passons de l’île de Pasman à celle d’Ugljan. Distantes de quelques dizaines de mètres, elles sont reliées par un pont. En chemin, les villages ne payent pas de mine, mais ils restent authentiques. Ici on a oublié de faire de grands complexes touristiques. Il y aurait pourtant de quoi. Dans l’après-midi, la pluie fait sa réapparition, aucune envie de planter la tente. Nous trouvons un hôtel, mais il est fermé pour rénovation. La propriétaire accepte quand même de nous laisser une chambre, au milieu des travaux.
Dimanche 24. Le soleil semble avoir refait son apparition. Après une petite balade au bout de l’île, nous partons prendre le bateau pour Zadar. Le ciel devient noir. A peine accostés, les premières gouttes se font sentir. S’en suivent presque deux heures d’une pluie soutenue. Nous patientons, abrités sous un préau de la gare maritime. Quand l’averse semble passée, les sols sont gorgés d’eau : à nouveau aucune envie de planter la tente… Nous trouvons un petit appartement dans Zadar, à deux pas du centre ville.
1h00 du matin : nous sommes réveillés par un vent violent. Il se calme, reprend de plus belle, se calme, puis reprend... Quand nous l’entendons siffler sur la crête située un peu plus haut, il nous arrive dessus dans les dix secondes qui suivent. A chaque fois on croit entendre un avion qui décolle.
1h45 : la tente est secouée dans tous sens, nous sommes obligés de la tenir, d’abord de l’intérieur. Dehors, une inspection rapide montre des sardines déterrées et les vélos à terre. Plus grave, un arceau a cassé, la toile est déchirée. La tente peut désormais s’envoler à tout moment, à chaque rafale il faut sortir la maintenir. Que faire ? Nous décidons, entre deux bourrasques, de ranger les affaires, et de nous tenir prêts à partir. Anatole dort impassiblement, Lison nous aide en tenant la tente de l’intérieur. « C’est comme une toile de parapente » lui dit-on. Ça l’amuse.
2h15 : Dernière étape avant de démonter la tente, tout le monde doit se mettre en tenue. Mais un sifflement se fait entendre. Nouvelle rafale, encore plus forte que les autres, il faut sortir, vite. L’un des parents - dont, par pudeur, nous tairons le nom - se précipite dehors pour maintenir la tente : à poil, dans la rocaille, les deux jambes ancrées au sol, la troisième au vent, penché en arrière tel un marin dans la tempête, il fait tout pour éviter le pire. Le second parent - dont nous tairons le nom afin de ne pas éveiller les soupçons sur le premier - s’occupe comme il peut de l’intérieur. Cet ultime affolement réveille Anatole.
2h45 : Comme tout le monde a finalement pu s’habiller et que les sacoches sont faites, il est temps de quitter le navire. Nous plions la tente, non sans mal puis nous trouvons refuge derrière la remorque. Le vent continue son festival. Par chance il ne pleut pas, ça pourrait être pire…
|
|
6h20. Nous voilà de l’autre côté. Les rafales, toujours imprévisibles, ne semblent pas vouloir se calmer. Nous trouvons un peu de répit en nous abritant sous l’avancée d’un bar fermé. Nous déjeunons, nous remettons de l’ordre dans nos affaires bourrées à la va-vite dans la remorque et les sacoches.
8h30. Tentative de départ. Cinq virages plus haut, et après une chute de chacun, nous devons nous résigner à nous arrêter. Repos, allongés sur la route.
16h30. Arrivée sur l’île de Rab. Nous trouvons un appartement pour nous remettre de nos émotions. La journée a été longue et éprouvante…
Jeudi 28. Nous remontons l’île, le plus souvent sur une toute petite route, à à peine un mètre de la mer. C’est splendide. A 16h, nous prenons le dernier bateau de notre voyage. 1h20 de mini-croisière, jusqu’à Krk. Anatole est triste, il pleure !
Vendredi 29. Krk, pourtant très prisée des Allemands, Slovènes et Autrichiens, nous emballe un peu moins que les îles précédentes. Avant notre retour sur le continent, le vent étant nul, nous décidons de tester notre tente. La réparation opérée sur l’arceau est loin d’être parfaite, mais ça tient debout. Il faudra faire avec.