Dimanche 25. Anaga. C’est le nom de la chaîne montagneuse du
nord de Tenerife. Elle retient souvent les nuages venus du nord. C’est la
partie la plus verte de l’île, il y pleut plus qu’ailleurs. La végétation est
dense et luxuriante. Si nous attendons un franc soleil pour y aller, nous ne
partirons jamais. Alors on se lance, avec l’espoir d’un temps clément.
Nous voici donc enfin en selle, prêt à découvrir Tenerife et
ses montagnes. La route est sinueuse, nous prenons rapidement de la hauteur...
Après une quinzaine de kilomètres de montée, nous arrivons à l’auberge Montes
de Anaga. Même s’il n’a pas plu, l’atmosphère est très humide, et nous
choisissons d’y passer la nuit. La vue est imprenable depuis le dortoir ! Le
soir venu nous mangeons un puchero, un délicieux (et chaud) plat canarien qui
ressemble un peu à notre pot au feu.
Lundi 26. Nous continuons notre chemin, direction San Cristobal
de la Laguna, point de départ de notre ascension jusqu’au Teide. Nous
empruntons une route de crête où les points de vue ne manquent pas. Malgré les
nuages, nous arrivons à entrevoir les pentes abruptes, la forêt, les petits
villages perchés et l’océan des deux côtés. Le soleil pointe même le bout de
son nez ! En début d’après midi, et après une bonne descente, nous
arrivons à San Cristobal. Nous devons faire des réserves avant trois jours de
montagne.
Nous peinons à trouver un endroit où dormir. Après plusieurs
refus, nous trouvons une chambre dans une ancienne et coquette maison
canarienne, très bien restaurée et très bien située. C’est un peu cher mais
nous n’avons pas trop le choix… Après la corvée de courses et la sieste des
enfants, nous prenons plaisir à découvrir la ville à l’architecture bien
typique, avec ses bars et ses magasins originaux.
Mardi 27. C’est parti, à nous le Teide ! Il fait grand
beau, nos sacoches sont pleines, nos mollets sont prêts. Mais cinq kilomètres
seulement après notre départ, un rayon cède sur la roue arrière du vélo de
Mathieu. C’est le deuxième en trois jours, les autres vont sans doute suivre. On
ne pourra pas changer un rayon tous les jours. La roue toute entière semble
fragilisée, il est plus sage de redescendre en ville pour en acheter une neuve.
La journée se résume au final à trouver un réparateur de
vélos qui accepte de changer la roue le jour même. Nous retournons penauds dans
la chambre quittée le matin même. Autant dire qu’on n’a pas vraiment gagné
notre journée.
Mercredi 28. C’est parti, à nous le Teide !... Le vélo
est prêt. Après le faux départ de la veille, nous espérons ne plus avoir d’avarie.
En sortant de San Cristobal, un panneau annonce la couleur : Teide, 58 km…. Pour éviter l’itinéraire principal
emprunté la veille, nous choisissons des petites routes de campagne. Ça monte
très raide jusqu’à La Esperanza, dernier village avant le plus haut sommet d’Espagne.
De là, nous retrouvons la route principale, devenue tranquille et bien moins
fréquentée. Nous pénétrons alors une immense forêt de pins canariens avant, un
peu plus haut, de pénétrer un épais manteau nuageux.
A l’heure du pique nique, un garde forestier s’arrête vers
nous, l’air un peu inquiet… « Vous savez le Teide est encore loin, il
fait froid la nuit….jusqu’où comptez-vous aller, où allez-vous dormir ? ».
On le rassure comme on peut, on s’est quand même un peu renseignés ! A
leurs têtes, certains automobilistes nous prennent probablement même pour des
fous. Mais nous ne sommes pas les seuls ! En effet, un peu plus loin, nous
rattrapons deux cyclo-randonneuses allemandes. Marie et Vero sont quant à elles sur les routes depuis le mois d’octobre. Nous décidons de faire un petit bout
de route ensemble. Et quel bout de route, puisque quelques kilomètres plus
loin, nous sortons de la mer de nuages. Les rayons du soleil nous
réchauffent. Nous apercevons les sommets de Gran Canaria d’un côté, de La Palma
de l’autre… c’est splendide ! Quelques efforts supplémentaires nous font
ensuite découvrir le Teide ! C’est l’ultime récompense de la journée avant
de planter les tentes. Ce sera, comme prévu, devant le refuge Ayosa, à presque
2 000 m d’altitude. Nous passons une soirée conviviale, Marie joue avec
les enfants. Nous ne nous éternisons pas trop malgré tout, il fait froid !
Le GPS indique –2 °C sous la tente…
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Jeudi 29. 25 kilomètres nous séparent encore du fameux
volcan… Nous quittons les pins pour un paysage beaucoup plus désertique, rocailleux,
voire lunaire. Le Teide, nous le voyons bien à présent. Mais quand on le croit
à notre portée, il faut redescendre, pour mieux remonter… Marie et Vero sont
parties devant, mais nous nous retrouvons pour les pauses photos qui ne
manquent pas. Nous finirons par nous perdre de vue.
En début d’après midi nous atteignons le pied du téléphérique, à 2 300 m d’altitude ! Vers 15 heures, nous sommes à 3 600 m, à quelques encablures du sommet (3 718m). Pour en venir à bout, il faut une autorisation. Quand nous en avons fait la demande, la voie d’accès était fermée pour cause de glace. Dommage !
On resterait bien là haut, mais il faut redescendre pour planter la tente. Ce sera devant le refuge Edmundo Herrero, à 2 kilomètres à peine du pied du Teide. La vue, le coucher de soleil puis le ciel étoilé sont exceptionnels ! Merci à Raul, du groupe des « Montaneros de Tenerife » pour ses précieux renseignements.
Vendredi 30. La nuit a été moins fraîche que la précédente (3
°C). Nous sommes désormais sur un versant sud, rocailleux, qui emmagasine bien
la chaleur en journée. Nous prenons la route de Vilaflor, une petite ville située
à 1200 mètres d’altitude.
Après avoir franchi un nouveau col, nous entamons la descente. Ça fait plaisir de croiser des cyclistes dans l’autre sens, en pleine ascension !
A notre arrivée, nous trouvons rapidement un petit hôtel rural pour prendre une bonne douche et nous reposer ! Nous passons la soirée avec Cristian et Maya, un couple argentino-allemand.
Samedi 31. La fin de la descente se poursuit jusqu’à Los
Cristianos, une usine à touristes, bien bétonnée. Rien de bien intéressant à
faire pour nous, mais ici il ne pleut quasiment jamais et la température est toujours
agréable… Nous passons la nuit dans un terrain en friche, une ancienne
bananeraie qui attend probablement qu’un nouveau projet immobilier se décide.
Il fait chaud ! C’est incroyable d’avoir des climats aussi différents sur
un territoire aussi petit !
Dimanche 1 février. De Los Cristianos, nous prenons le bateau
pour La Palma, la dernière des îles des Canaries que nous visiterons, avant
notre retour sur le continent.
Nous débarquons à Santa Cruz de La Palma. La ville parait
bien petite et bien calme à côté de Las Palmas de Gran Canaria et Santa Cruz de
Tenerife. Pas trop le temps d’en profiter, il faut déjà monter sur les
hauteurs. Nous y avons réservé pour deux nuits une petite maison dans une grande
et ancienne propriété canarienne. Mardi, nous partirons à l’assaut du sommet de
l’île. Une route devrait nous permettre d’atteindre El Roque de los Muchachos, à
2 426 m. Ça ne s’arrête donc jamais !